En baisse depuis la mi-juin, le cours du métal jaune pâtit du renforcement du dollar et d’un intérêt modéré des investisseurs financiers. Et ce malgré la montée des risques géopolitiques. Éclaircissements.
La situation déjoue les pronostics. Négocié à 1252 $ (1070 €) l’once le 28 juin, l’or a perdu 4 % de sa valeur en quinze jours et près 8 % depuis le précédent rebond de son cours l’hiver dernier.
Malgré une bonne croissance économique, le métal jaune avait vu sa cote atteindre 1360 $ (1164 €) l’once au mois de janvier 2018. Soit la meilleure performance annuelle depuis 2010. Le cours de l’or tirait alors parti de l’affaiblissement du dollar, notamment vis-à-vis de l’euro, plombé par la politique versatile du président américain, Donald Trump.
Tendance baissière atypique
Un revirement s’est opéré en ce début d’été. La valeur refuge a reculé au profit du marché actions, jugé plus rémunérateur. Passant sous le seuil critique des 1275 $ (1089 €) l’once. En cause : le maintien de la reprise économique outre-Atlantique et en Europe, le renforcement du dollar, soutenu par la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), et le repli de la demande mondiale d’or, notamment de l’Inde.
Autre facteur renforçant cette tendance : les investisseurs boudent le métal jaune. Un comportement relativement atypique au regard des tensions géopolitiques nombreuses, susceptibles d’inquiéter les marchés. Qu’il s’agisse des dernières décisions de Donald Trump de taxer les importations d’acier et d’aluminium en provenance de l’Europe, du Canada et du Mexique ou des changements politiques qui agitent l’Italie et l’Espagne. Des événements qui auraient dû, en théorie, inviter les opérateurs financiers à stimuler la demande en or, actif sûr par excellence.
Alors que faire ?
Face a cette situation singulière et à l’incertitude qui entoure l’évolution prochaine du cours de l’or, deux options s’offrent aux épargnants. Si la tendance baissière se poursuit, soutenue par un dollar fort, une croissance mondiale robuste et un recul de la demande, les détenteurs de métal jaune pourraient voir leur épargne diminuer comme peau de chagrin. La prudence recommanderait ici de se délester sans délai de son or au profit de placements en actions, à la hausse au premier semestre.
Les épargnants aventureux – ou pessimistes ? – peuvent à l’inverse parier sur une dégradation de la situation macro-économique pour investir dans l’or ou/et le conserver. Défendu par certains analystes, dont certains pronostiquent l’éclatement imminent d’une nouvelle crise, ce scénario verrait mécaniquement le cours de la valeur refuge grimper en flèche. Dettes souveraines intenables, guerre commerciale opposant les États-Unis à ses partenaires, confits au Moyen-Orient, hausse du prix du pétrole, bulles immobilières… les motifs d’inquiétude existent. Bien-sûr tout ceci reste spéculatif !