Dans le monde de la joaillerie, toutes les maisons ont toujours pris soin d’associer leur image à des pièces « iconiques », soit par un modèle de bijou « phare », soit par l’acquisition d’un diamant spectaculaire ou historique. En effet, faire d’un diamant son emblème permet d’affirmer son identité en la liant à la symbolique et au faste qu’il véhicule.
Ainsi, la maison Korloff à su choisir en un diamant noir la pièce à son image : atypique et audacieuse.
Au départ, rien ne prédestinait Daniel Paillasseur au monde de la joaillerie; il commence, tout jeune garçon, comme apprenti boucher, puis après son service militaire, il décide de s’orienter dans la vente, domaine dans lequel il excelle et qui le révèle.
Mu par une volonté de travailler dans le monde du diamant, et par un petit fond de superstition, Daniel Paillasseur croit au destin plutôt qu’au hasard des rencontres, aussi il décide de partir à Anvers. Là, il rencontre celui qui sera son associé depuis plus de quarante cinq ans.
Après avoir tout appris sur les codes régissant le marché du diamant, Daniel Paillasseur désire déjà les bousculer, et installé au 12 rue de la paix, un vent nouveau souffle dans un monde de conventions.
Pour commencer, il signe ses pièces de joaillerie, car elles sont pour lui des œuvres à part entière tout autant que des tableaux.
Ensuite, avec lui, des matières peu usitées voire même dénigrées dans la joaillerie de l’époque, accompagnent le diamant et l’or : nacre, laque, plastique…et diamants noirs. Pierres jugées sans intérêts jusque là car très incluses, elles offrent pourtant, grâce à ces inclusions de graphite et d’hématite qui les caractérisent, l’alliance de l’ombre et de la lumière.
L’horlogerie passe également à travers la vision singulière et exigeante de Daniel Paillasseur, avec des mécanismes d’une virtuosité toute Suisse et novateurs, logés dans des boîtiers au savoir-faire Français, tout autant audacieux que raffiné.
La maison Korloff innove également grâce à l’élaboration de nouvelles sortes de tailles exclusives et brevetées du diamant : la « Korloff Cut 73 », octogonale, et la « Korloff Cut 88 », un brillant hors normes avec 88 facettes là où tous les autres n’en ont « que » 57…
88 facettes, ce n’est pas par hasard, mais en référence à un somptueux diamant noir, pesant 88 carats, dont l’histoire mystérieuse à captivé et inspiré Daniel Paillasseur depuis ses débuts.
C’est son associé qui lui fait la surprise, en 1978, en le faisant fermer les yeux et le mettant dans sa main…
Un diamant noir brut de plus de 200 carats retaillé en un superbe diamant rond de 88 carats, il appartenait à la noblesse russe, la famille Korlof-Sapojnikoff, et a traversé une histoire mouvementée. Découvert en Sibérie, délogé de Russie en 1917 par la révolution Bolchevik et aujourd’hui conservé en France, l’on sait peu de choses à son sujet, mais il se murmure que le toucher apporte chance et bonheur…
Daniel Paillasseur est conquis ! Dès lors, le Korloff noir devient la pierre angulaire de la maison, son inspiration, son l’image.
En 1988, les deux associés en deviennent les heureux propriétaires, et depuis, le diamant est savamment protégé, presque « couvé » ; en homme mesuré et conscient que chance et bonheur ne se vivent durablement que lentement distillés, Daniel Paillasseur porte toujours des gants pour le toucher.
Actuellement exposé pour la première fois aux yeux du public à Shanghaï, il sera bientôt de retour à Paris… où chance sera enfin donnée de pouvoir l’admirer, à défaut de pouvoir le toucher.