1 – D’où vient l’or que l’on possède et que l’on achète ?

Quelle est la demande mondiale en or et quels sont les grands secteurs consommateurs ?

En 2017, la demande totale en or s’est élevée à environ 4230 tonnes, répartie entre l’exploitation minière et le recyclage.

La joaillerie représente plus de la moitié des besoins annuels en or, tandis que l’or d’investissement constitue environ un tiers de la demande. Les autres secteurs utilisateurs que sont les Banques centrales, les nouvelles technologies ou encore le médical (or dentaire par exemple) constituent quant à eux la demande restante, soit environ un cinquième du tonnage total.

Quelle est l’offre mondiale venant de la filière de recyclage ?

La demande totale en or dépasse largement la production minière.

En effet, selon le World Gold Council (WGC)1, la production minière mondiale s’élève à environ 3170 tonnes, et constitue ainsi environ 75% de la demande totale.
Les 3 principaux pays producteurs sont la Chine (13,5%), l’Australie (9,1%) et la Russie (8,4%). Avec 3,6% de la production annuelle mondiale, la France (Guyane) est quant à elle le 10è pays producteur via l’exploitation minière.

Afin de répondre à une demande toujours croissante, les filières de recyclage ont pris de l’essor au cours de la dernière décennie, et les sources d’approvisionnement sont aujourd’hui multiples : traitement de l’or médical, récupération d’or industriel et des chutes de production, rachat de vieux bijoux ou de bijoux cassés, etc.

L’or recyclé répond ainsi à 25% de la demande mondiale, avec environ 1060 tonnes de production annuelle. Et le potentiel de croissance est particulièrement significatif : le tonnage total d’or extrait depuis l’avènement de l’exploitation minière s’élève à plus de 190 000 tonnes, dont près de la moitié sont stockés sous forme de bijoux, soit un stock directement accessible de près de 90 000 tonnes2.

2 – Différence entre or vierge et or recyclé ?

Des propriétés strictement identiques sur les plans physico-chimiques et esthétiques

L’or est un matériau particulièrement normé. Un or de titre donné et poinçonné sera donc strictement identique à un autre or portant le même titres et par extension le même poinçon, et ce sur les plans physiques, chimiques, mécaniques et esthétiques.

La valeur d’un or vierge ou recyclé sera donc également strictement identique.

Ainsi, que l’or soit vierge ou recyclé, il sera caractérisé comme illustré ci-après :

Type d’or Titrage en or pur (en millièmes) Poinçons
Or 24 carats 999 Hippocampe
Or 18 carats 750 Tête d’aigle / Hibou
Or 14 carats 585 Coquillage
Or 9 carats 375 Trèfle

Sur les plans environnementaux et éthiques, une différence sans commune mesure entre l’or vierge et recyclé

Les seules différences que nous observons aujourd’hui entre un or vierge et recyclés sont observées sur les plans environnementaux et éthiques.
En effet, le Carbon Disclosure Project estime que jusqu’à 500 kg de CO2 sont émis pour produire une seule once d’or (environ 31g)3:

En effet, afin d’obtenir 1 gramme d’or il est aujourd’hui nécessaire d’extraire et traiter 1 tonne de minerai. Le traitement du minerai implique de nombreuses opérations particulièrement énergivores et polluantes4, notamment lors des étapes de dissolution et de préparation de solutions aurifères puis lors du raffinage : broyage du minerai, réduction en poudre fine par des moulins spécifiques, élimination du mercure par cyanuration et distillation, étapes de lavage, etc.

Outre les nuisances liées au traitement du minerai en tant que tel, l’exploitation engendre de multiples effets indirects sur l’environnement local :

  • Dégradation des ressources en eau : dénudation des sols et déséquilibre des écosystèmes, pompage des eaux souterraines, déversements dans les cours d’eau des terres excavées, etc.
  • Réduction de la qualité de l’air : véhicules lourds de transport et d’excavation ; émission d’arsenic, de dioxyde de soufre, de poussières et de particules fines, etc.
  • Impacts sur la biodiversité : suppression de la végétation, déplacement de la faune et perte de leur habitat, nuisances sur la biodiversité liées aux bruits et aux vibrations, etc.

Et face à la raréfaction des ressources, les exigences de l’extraction et du traitement du minerai tendent à augmenter, ainsi que leurs impacts : dans les années 90, il était en effet possible d’extraire 2,5 gramme d’or pour 1 tonne de minerai traité5.

Outre les impacts environnementaux, l’extraction de l’or soulève des questions éthiques fortes : une étude de l’Organisation Internationale du Travail6 a ainsi montré que dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, les enfants représentaient de 30 à 50% de la force de travail dans les mines aurifères.

Et dans l’absolu, les conditions socio-économiques d’exploitation minières sont discutables : en effet, l’implantation d’une exploitation implique une dégradation des milieux et très régulièrement une perte de ressources (agricoles, habitats) pour la communauté située à proximité de la mine.
L’exploitation minière engendre bien entendu une activité économique, mais cette dernière n’est pas nécessairement éthique et encore moins soutenable : le personnel mobilisé au sein des mines est souvent extérieur à la communauté (cette dernière n’étant pas toujours qualifiée), et l’activité économique générée n’est dans tous les cas pas pérenne.
Un gisement est en effet exploité durant 10 à 20 ans : au-delà, les communautés restent bien souvent livrées à elles-mêmes et perdent les bénéfices liés à la mine (emplois éventuels, commerce, ressources) et se retrouvent souvent plus appauvries qu’avant l’installation de l’exploitation7.

Afin de répondre à ces enjeux environnementaux et éthiques, des exploitations dites “responsables” ont été mises en place, avec des critères de traçabilité de l’or et de lutte contre le travail des enfants.
Mais à l’image des polémiques récentes sur le projet “Montagne d’Or” en Guyane, des experts du sujet minier s’interrogent sur la pertinence des travaux menés actuellement sur les standards et stratégies minières, notamment en France8.

3 – Pourquoi recycler son or et opter pour l’achat d’or recyclé?

Intégrer de l’économie circulaire dans le domaine du luxe : ce n’est pas une utopie !

Les chapitres précédents ont illustré les enjeux environnementaux, socio-économiques et éthiques liés à l’exploitation minière. Ils ont également permis de clarifier le fait qu’or vierge et recyclé ont strictement les mêmes propriétés, valeur marchande et esthétisme.

Représentation schématique de l'économie circulaire

Au regard de ces éléments, la question suivante se pose alors : pour quelle raison le consommateur ne s’oriente-t-il pas naturellement vers de l’or recyclé ?

Nous pensons tout simplement que ces choix sont tout d’abord liés à une méconnaissance des marchés et des propriétés exceptionnelles de l’or, qui permettent son recyclage à l’infini.
L’autre frein étant un obstacle d’image : l’or et le bijou sont en effet fortement associés au domaine du luxe, qui impliquait “d’en avoir pour son argent” jusqu’à encore très récemment9.

Mais nous entrons dans une ère de changement de mentalités, où nous cherchons à intégrer plus de circularité dans nos vies.

Consommation raisonnée, transparence de la part des industriels, recyclage, réemploi sont autant de concepts que nous souhaitons appliquer au quotidien afin de réduire le gaspillage, faire des économies et mettre en adéquation notre éthique et notre mode de vie.

Des mécanismes drastiques pour assurer la traçabilité de l’or recyclé

Aujourd’hui en France, la réglementation applicable à l’achat d’or est particulièrement fournie. Elle s’applique à toutes les sociétés rachetant de l’or aux particuliers ou aux professionnels, et procédant à leur recyclage (débris, bijoux cassés, or industriel ou médical) ou à leur remise sur le marché (bijoux en bon état, lingots).

Ainsi, la société D’Or et D’argent s’acquitte des tâches suivante pour assurer la traçabilité de l’or racheté et remis sur le marché :

  • Tenue d’un livre de police  : les bijouteries et comptoir d’achat d’or aux particuliers ou aux professionnels sont tenus de tenir des registres bien spécifiques relatant le nom, prénom, numéro de document d’identité, etc… ainsi que la nature précise des objets rachetés (type de bijou, titre de l’or, le poids de l’objet vendu). Ces registres, appelé également “livres de police” doivent être consultables à tout moment par l’administration douanière. Le texte de loi ici
  • Dans le cadre de la tenue du livre de police, les bijouteries et comptoirs d’achat d’or à Paris ou sur le territoire français, sont dans l’obligation de relever l’identité complète du vendeur et de lui fournir un véritable “contrat de prestation”. Ce contrat est alors établi entre les deux parties, et prévoit notamment un délai de rétractation. Le texte de loi ici
  • Pour finir, et afin d’assurer une traçabilité optimale, toute transaction sur l’or se fait par voie exclusivement bancaire (Chèque, virement ou carte bleu). Le texte de loi ici

Respect de l’environnement, éthique et responsabilité sociale, gains financiers et traçabilité assurée sont ainsi autant de raisons pour passer à l’or recyclé.


1https://www.gold.org/goldhub/data/historical-mine-production
2https://www.gold.org/about-gold/gold-supply/gold-mining/how-much-gold
3http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/mine_apatite_sept-iles/documents/DC3.pdf
4Détails : http://novascotiagold.ca/theme/exploitation_de_lor-mining/extracting_the_gold-extraction_de_lor-fra.php
5https://photo.capital.fr/ces-38-chiffres-sur-l-or-vont-vous-surprendre-28895
6http://www.ilo.org/ipec/areas/Miningandquarrying/MoreaboutCLinmining/lang–en/index.htm
7http://www.cdhal.org/ressources/exploitation-miniere-et-droits-humains/
8http://www.isf-systext.fr/node/340
9https://www.usinenouvelle.com/article/quand-le-luxe-change-d-ere.N690429