2018/08/23 – Descendu sous la barre des 1200 $, le cours de l’or continue de reculer. Plombé par la vigueur du dollar et la faiblesse de la demande mondiale. Et la crise monétaire turque pourrait accélérer la tendance.
La dégringolade se poursuit. Malgré une très légère inflexion ces derniers jours, le cours de l’or continue sa chute entamée début juin, avec l’once négociée à 1178 $ le 18 août. Soit son plus bas niveau depuis un an, franchissant, le 13 août, la barre symbolique des 1200 $. Le cours a perdu 5 % en deux mois et près de 13 % de sa valeur depuis le pic de l’hiver dernier où le métal jaune s’échangeait à 1360 $ (1164 €). Comme l’expliquait notre précédent post, l’or tirait alors parti du recul du dollar et des craintes entourant la politique de Donald Trump.
Le métal jaune soufre aujourd’hui du renforcement du billet vert, notamment face à l’euro, soutenu par la hausse des taux d’intérêt américains. Et ces derniers devraient continuer à progresser dans les prochains mois, affectant les cours de l’or, libellé en dollar, estime Alain Corbani, gérant du fonds « Global Gold and Precious » chez Finance SA, interrogé par le magazine Capital. Deuxième raison, la demande mondiale d’or s’est effondrée, indique le World Gold Council (WGC), atteignant son « plus bas niveau depuis 2009 ». L’institution financière souligne que les stocks physiques sur lesquels sont adossés les ETF (fonds indiciels) ont reculé de 46 % sur l’année. Les spéculateurs privilégient désormais les positions vendeuses, a récemment confirmé la « Commodity Futures Trading Commission » (CFTC), en charge de réguler les bourses de commerce où se traitent les matières premières.
La crise économique et monétaire qui frappe la Turquie joue également un rôle négatif sur le cours de l’or. La livre turque, fragilisée par une forte inflation, a perdu 40 % de sa valeur face au dollar et à l’euro, sur fond de tensions entre les États-Unis et Ankara, après l’annonce par Donald Trump du doublement des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs. Deuxième acheteur de métal jaune de la planète, la banque centrale turque pourrait se délester d’une partie de ses réserves pour soutenir sa monnaie. L’autorité financière a annoncé, lundi 13 août, rapporte Le Monde, que « 10 milliards de livres, 6 milliards de dollars et l’équivalent de 3 milliards en or de liquidités seraient fournis au système financier ». Une offre de métal jaune que les investisseurs pourraient interpréter comme négative pour le cours de l’or, explique Nitesh Shah, directeur de la recherche au sein de WisdomTree, interrogé par Les Échos.
Dans ce contexte, il est difficile d’anticiper l’évolution du prix de l’or à moyen terme. Même si certains analystes pronostiquent un rebond du cours au second semestre. Spéculant sur une réaction différée de repli sur l’or comme valeur refuge, plusieurs mois après l’éclatement de la crise turque. Et sur un possible ralentissement de l’économie américaine qui pèserait, à terme, sur le dollar. Affaire à suivre.
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Sources : LeFigaro.fr (bourse), Capital.fr, LesÉchos.fr, Option-fnance.fr.