…ou « Edouard le confesseur »
Saphir bleu d’un poids inconnu et de forme octogonale à 24 facettes, taillé « en rose », sa brillance et son éclat sont renommés comme étant exceptionnels. La « taille en rose » n’apparaissant qu’au XIVe siècle, la pierre a donc été modifiée depuis qu’elle a fait son apparition sur une bague d’Edouard « Le Confesseur » lors de son couronnement en 1043. Ce saphir proviendrait, vraisemblablement, des anciennes mines de corindons de Ratna situées au Sri Lanka, connues et renommées depuis l’Antiquité.
C’est une pierre chargée d’histoire et de symbole. La légende veut que le roi Edouard (ca 1004/1066), homme de grande foi, croise un jour un mendiant, n’ayant pas de bourse sur lui, il lui fait cadeau de sa bague ornée d’un saphir. Or, il s’avère que ce mendiant n’est autre que Saint Jean, envoyé par Dieu pour tester la bonté du roi. Lors de son voyage en Palestine, la bague lui aurait alors été restituée par deux pèlerins (d’autres disent un ange) ayant croisé Saint Jean l’Evangéliste. Ils lui dirent que le saint le remerciait et qu’ils se reverraient dans six mois au Paradis. Six mois plus tard le roi décédait en ayant légué sa couronne et son anneau avec le saphir au royaume.
Fondateur de l’Abbaye de Westminster, le roi Edouard souhaite y être inhumé. En 1102, son tombeau est ouvert pour une inspection et l’on constate que la dépouille du roi n’a subi aucune détérioration depuis trente-six ans, alors qu’une suave odeur emplit l’église. Ces évènements, plus la grande piété qu’il a démontrée au cours de sa vie conduiront à la canonisation de ce roi en 1161. Le corps du saint est alors transféré dans une sépulture plus imposante et c’est à cette occasion que l’anneau et sa couronne lui sont retirés pour être intégrés aux Joyaux de la Couronne ; ils en deviennent ainsi les premiers éléments. Tous les souverains successifs attacheront une grande vénération à la couronne d’Edouard et seront couronnés par elle jusqu’à la destruction des Joyaux par Cromwell.
Comme quelques autres pierres, « Le saphir de Saint-Edouard » échappe cependant à cette destruction. Après la restauration en 1660, il est retaillé sous sa forme actuelle pour Charles II. En 1838, la reine Victoria le fait sertir sur la Couronne Impériale d’apparat, au centre de la croix pattée située au sommet de cette couronne. Il occupe la même place sur la Couronne Impériale actuelle réalisée à l’identique en 1937, exposée à la Tour de Londres.