Maison fondée en 1858 par le joaillier Frédéric Boucheron (1830/1902), symbole du luxe raffiné à la française, c’est la première à s’être installée Place Vendôme – devenue depuis LA place mythique de la joaillerie – où son nom est considéré, depuis bientôt 160 ans, comme l’un des plus prestigieux. Elle est d’abord restée une entreprise familiale pendant près de 140 ans où père, fils et petits-fils ont pris la succession les uns des autres, avant d’être vendue en 1994 à la société Schweizerhall, puis au groupe Gucci en 2000, elle appartient aujourd’hui au groupe français Kering. Outre la haute joaillerie et la joaillerie, Boucheron crée aussi de l’horlogerie, de l’orfèvrerie, des parfums et des accessoires de luxe.
C’est tout d’abord sous les arcades de la Galerie Valois au Palais-Royal que Frédéric Boucheron ouvre sa première boutique en 1858. Puis en 1893, trouvant que l’emplacement très ensoleillé mettra en valeur les bijoux, il choisit l’Hôtel de Nocé, 26 Place Vendôme, devenu monument historique en 1930 et que la marque occupe toujours avec son atelier au dernier étage. La même année, il ouvre une boutique à Moscou. A cette date il est déjà très réputé et les célébrités (royales, de la noblesse ou du monde artistique) comptent parmi sa clientèle. Sa renommée s’est forgée grâce à son talent novateur, récompensé plusieurs fois : avec une médaille d’or en 1867 lors de l’exposition universelle de Paris, puis avec un grand prix lors de celle de 1878 où il présente le célèbre collier « Feuillage », composé de diamants et saphirs dont l’un en pendentif de 159 carats, provenant du Cachemire, et réalisé pour Marie-Louise Mackay. En 1888, il crée pour sa femme Gabrielle un collier figurant un serpent, animal qui deviendra représentatif de la marque. Boucheron est présent aux expositions universelles de Paris pendant plus de trente ans (ainsi qu’à l’étranger). En 1889, ce sont des colliers en forme de point d’interrogation qui y sont exposés. En 1900, le thème « feuillage » est repris, cette fois-ci avec un magnifique collier fait de 13 émeraudes exceptionnelles mises en valeur par des feuilles de marronnier composées uniquement de diamants navette. Là, c’est une médaille d’or et un grand prix qu’il remportera.
A sa mort en 1902, c’est son fils Louis qui lui succède. Il continue le travail de son père dans le même esprit, comme le feront aussi ses successeurs. Plusieurs autres boutiques sont ouvertes : en 1903 à Londres et un bureau à New York, en 1911 à Saint-Pétersbourg et ce jusqu’à la révolution russe de 1917. En 1928, le Maharadjah de Patiala en Inde arrive chez Boucheron avec plus de 10.000 pierres précieuses lui appartenant et commande au joaillier une parure somptueuse de 149 pièces composée de plusieurs milliers de diamants, émeraudes et rubis choisis parmi ses pierres. C’est, encore à ce jour, la commande la plus importante passée à cette maison. En 1930, le shah d’Iran demande à Louis Boucheron d’évaluer le trésor national de son pays, qui recèle des objets d’une beauté et d’une rareté incroyables. Louis Boucheron et ses descendants sont depuis les Gardiens Officiels du Trésor d’Iran, toujours gardé à Téhéran. Les fils de Louis, Fred et Gérard, prendront sa suite en 1959, puis ce sera le tour de son petit-fils Alain en 1971. C’est dans les années 70 que s’ouvre une boutique au Japon. Depuis, d’autres ont vu le jour – à Shanghai ou Dubaï, par exemple – et Boucheron compte désormais 53 boutiques à travers le monde.
Depuis sa création, de nombreux créateurs dans divers domaines ont collaboré avec la maison Boucheron comme, parmi d’autres, l’orfèvre Pierre Sterlé, le designer Alexander McQueen ou le maître horloger Girrard-Perregaux.
La maison Boucheron, toujours novatrice, a inventé plusieurs techniques comme le serti miroir ou le serti mosaïque et déposé plusieurs brevets comme le fermoir invisible, par exemple. Elle a présenté de nombreuses collections sur le thème animalier, à la fin du XIXe siècle elle a devancé le style néo-gothique par ses créations originales et s’est distinguée aussi dans le style Art Déco. Chez Boucheron le travail de joaillerie se reconnaît par le plissé, le facetté, le poli ou le satiné des métaux précieux et le choix de pierres toujours exceptionnelles.
Au XXIe, la marque ne déroge pas à sa réputation d’innovation constante et de « sculpteur d’or » comme l’était surnommé en son temps Frédéric Boucheron, puisqu’elle crée en 2004 la collection « Quatre » qui rencontre un grand succès et devient une icône de la marque, particulièrement avec sa bague. Les modèles de la collection : bagues, pendentifs, créoles, boutons de manchettes, etc., sont composés pour la plupart d’or jaune (godronné double), d’or blanc (serti miroir ou de diamants), d’or rose (gros-grains) et de PVD marron (travaillé en pointe de diamant). La bague « Quatre » classique, maintenant devenue emblématique de Boucheron, est constituée de quatre anneaux des quatre ors assemblés délicatement pour donner un bijou remarquable.