Leur célébrité n’est pas toujours due à une valeur intrinsèque au nombre record de carats, mais souvent à une légende, à leur couleur, à leur histoire – quand ce n’est pas l’Histoire avec un grand H – ou à la fascination qu’ils exercent car ce sont toujours des pierres d’une valeur exceptionnelle et rarissimes.
C’est un diamant rose, très clair, de 9,01 carats en forme de poire, mesurant 20,8 mm, qui est classé au 20e rang des diamants roses célèbres et dont les origines restent incertaines de par les différentes versions données de son histoire au cours des siècles.
Le Grand Condé aurait été extrait d’une des mines de Kollur dans la région de Golconde, en Inde du sud, et vendu vers 1643 au Roi de France par l’explorateur Jean-Baptiste Tavernier, de retour de son deuxième voyage en Inde.
Puis, en remerciement pour ses nombreuses victoires durant La Guerre de Trente Ans, Louis XIV l’aurait ensuite offert à son cousin Louis II de Bourbon, prince de Condé et dit « Le Grand Condé ». C’est ainsi que la pierre serait entrée, en même temps que dans la légende, pour la première fois dans les collections de Chantilly et le prince l’aurait fait alors montée sur le pommeau de la canne qu’il utilisa jusqu’à la fin de sa vie. Cependant, ce diamant n’a jamais été répertorié dans l’inventaire des biens du prince au décès de celui-ci en 1686.
D’autres sources historiques donnent le diamant pour avoir appartenu à Anne de Bavière (belle-fille du même prince : Le Grand Condé) puisqu’il figure pour la première fois en 1713 dans les archives du château de Chantilly comme étant sa propriété. Elle l’aurait ensuite transmis à son petit-fils le duc Louis-Henri de Bourbon à l’occasion de son mariage avec Marie-Anne de Bourbon-Conti. En 1720, dans l’inventaire du décès de celle-ci, on retrouve sous la dénomination « diamant pointu » l’inscription de la pierre. Puis à la mort du duc en 1740, le diamant aurait été trouvé serti sur une toison d’or, de laquelle il aurait été démonté en 1753.
Bien que le diamant rose soit resté dans la famille de Condé pendant tout ce temps, on ne trouve aucune mention de lui jusqu’en 1830, date du décès du 5e descendant du Grand Condé qui, n’ayant pas d’héritier direct, transmis toute sa fortune à son neveu et filleul le duc d’Aumale, alors âgé de huit ans. La mère de celui-ci, la reine Marie-Amélie, aurait alors fait monter la pierre sur une épingle.
En 1886, devant les incertitudes politiques en France et les menaces de bannissement à son égard, le duc d’Aumale fait donation à l’Institut de France de tous ses biens, dont le château de Chantilly et le fameux diamant, à condition que celui-ci et toutes ses inestimables collections ne sortent jamais du château devenu un musée.
Malgré ce souhait dûment respecté, « Le Grand Condé » est tout de même sorti du château puisqu’il a été volé – avec d’autres trésors des Condé – dans la nuit du 12 Octobre 1926 par deux aventuriers alsaciens. Le conservateur du musée était alors le Maréchal Pétain qui aida la police à tenter de retrouver les bijoux volés. « Le Grand Condé » ne le fut que deux mois plus tard et par le plus grand des hasards : il était caché dans une pomme croquée par une femme de chambre dans un hôtel. D’autres bijoux, trop reconnaissables pour être vendus tels quels, ne furent jamais retrouvés. Depuis ce vol, seule une copie du diamant rose est exposée à Chantilly, l’original restant enfermé dans un coffre du château.